lundi 2 juin 2014

Un exemple concret de « double numérique » : des millions de photos interceptées chaque jour par la NSA

Le New York Times a révélé hier que la NSA interceptait chaque jour des millions de photos, dont environ 55 000 pouvant servir à la reconnaissance faciale. Cette utilisation, à notre insu, de nos photos collectées sur Internet ou grâce à l'interception de nos courriers électroniques, illustre le concept de « double numérique ».

Dans mon précédent message, j'expliquais que «quelque part dans le monde, à chaque instant, se créent des «doubles numériques» de nous-mêmes, à partir d’informations collectées sur Internet et/ou puisées dans des fichiers existants, contenant des informations parcellaires ou complètes, vraies ou fausses, actualisées ou anciennes, et pouvant être utilisés à des fins commerciales, policières, politiques ou d’espionnage économique.»

La gigantesque moisson de photos réalisée quotidiennement par la NSA, l'agence de renseignements américaine en charge des écoutes électroniques, illustre de façon très concrète ce concept de « double numérique ». L'agence récolte nos photos à notre insu et les utilise pour constituer des fichiers sur nous, dont nous ignorions l'existence même jusqu'aux révélations du New York Times et dont nous ne connaissons pas le contenu exact.

La NSA utilise ses moyens d'écoute pour intercepter nos mails et les photos en pièces jointes ; elle a également accès aux bases de données des différentes administrations américaines (demandes de visa…) ; surtout, elle peut inlassablement puiser dans les centaines de millions de photos qui sont publiées chaque jour sur Internet. Avec trois cent cinquante millions de nouvelles photos « postées » chaque jour sur Facebook, le réseau social n'a jamais autant mérité son nom (Facebook signifie « trombinoscope » en anglais). Les personnes qui figurent dans ces clichés sont de plus en plus souvent identifiées. Ces tags sont également présents sur Google +, mais aussi sur les sites de partage de photos (Flickr, Picasa…). Une telle quantité de fiches biométriques – la reconnaissance faciale est considérée  par la CNIL (la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) comme un traitement biométrique - ne pouvait que titiller l’imagination des policiers et des services de renseignements. Des expérimentations ont déjà été menées pour mettre au point des systèmes de surveillance qui scannent par exemple les supporters présents dans les gradins, afin de repérer ceux qui sont interdits de stade.

Ces quelques exemples montrent à quel point il est devenu urgent de protéger les photos que nous publions sur Internet et, plus largement, nos « doubles numériques ».

Que faire ?
Voici, pas-à-pas, le minimum à faire pour protéger, sur Facebook ou Google +, les tags qui nous identifient dans des clichés.

• sur Facebook, cliquez sur le petit triangle situé en haut à droite de votre page, puis, dans le cartouche qui apparaît, sur « Paramètres ». Une nouvelle page s’ouvre. Cliquez, dans la colonne de gauche, sur «Journal et identification ». Une nouvelle fenêtre apparaît. En face de « Examiner les publications dans lesquelles vos amis vous identifient avant qu’elles n’apparaissent sur votre journal ? » doit apparaître un « Oui ». Si ce n’est pas le cas, cliquez sur « Modifier » au bout de la ligne à droite et dans le nouveau cadre qui se déploie, sélectionnez, en dessous du petit triangle, « Activé », puis cliquez sur « Fermer ».

• dans Google +, cliquez sur votre nom, qui apparaît, en haut à droite de votre page. Un cartouche s’ouvre ; cliquez alors sur « Compte ». Vous arrivez dans une nouvelle page. Cliquez, en dessous de « Paramètres Google+ », sur « Modifier les paramètres ». Une nouvelle page apparaît. Descendez jusqu’à ce que vous trouviez le paragraphe «Photos et vidéos». Le champ « Personnes pouvant associer des tags à mon profil sans approbation préalable » doit être entièrement vide. Si ce n'est pas le cas, cliquez sur le « X » à côté de chaque nom ou cercle qui apparaît dans ce champ.

• juridiquement, il est possible de demander le retrait de toute photo de vous qui ne vous plaît pas. Une image où une personne est identifiable étant une donnée à caractère personnel, vous disposez d’un droit d’opposition. Si vous repérez sur Facebook une photo de vous-même qui vous pose problème, vous pouvez demander à l’ami qui l’a postée de la retirer et, en cas de refus de sa part, vous pouvez signaler ce cliché auprès de Facebook ou porter plainte auprès de la CNIL.