jeudi 7 décembre 2006

Les voyageurs pour les Etats-Unis se voient attribuer une note de dangerosité

Un nouveau scandale vient d’éclater aux Etats-Unis, après que plusieurs articles de presse (voir par exemple : http://www.nytimes.com/2006/12/01/washington/01travel.html) aient révélé que tous les voyageurs à destination des Etats-Unis se voient attribuer, dans le plus grand secret, une note (un « score » disent les spécialistes) en fonction de leur probabilité d’être des terroristes. Pour calculer ce score, toutes les habitudes du voyageur (moyen de paiement, préférences alimentaires, places dans l'avion, etc) sont prises en compte. Ces informations sont conservées pendant 40 ans dans les ordinateurs de l’administration américaine. Or, dès novembre 2005, j’ai révélé ce programme dans mon livre « Tous fichés ». Voici ce qu’en j’en disais : « La responsabilité d’identifier des « sujets à haut risque », c'est-à-dire des terroristes ou des criminels, incombe au NTC (National Targeting Center), un des départements du ministère de la Sécurité intérieure. La centaine de targeters – cibleurs – employée par le NTC travaille dans un bâtiment situé au Nord de la Virginie, près de Washington. L’adresse exacte en est tenue secrète. Leur outil privilégié est l’ATS. « L’Automated Targeting System est un outil automatisé qui permet à la Police des frontières de traiter les informations reçues à l’avance et de focaliser ses contrôles sur des transactions ou des voyageurs potentiellement à haut risque, détaille Charles Bartoldus, directeur du NTC. Il intègre des bases de données gouvernementales, commerciales et policières.» Bref, l’ATS est un outil de data mining qui permet de rapprocher et de fouiller les fichiers des services de renseignements et des compagnies aériennes. Dans les 72 heures qui précédant le vol vers les Etats-Unis, les données des passagers français sont transmises aux targeters du NTC et confrontées à la liste des personnes soupçonnées de terrorisme, la TSDB compilée par le TSC. Lorsque de tels suspects sont repérés, le ministère de la Sécurité intérieure peut demander des compléments d’informations, comme, par exemple, toutes les transactions réalisées avec la carte bancaire qui a servi à régler le billet d’avion et dont le numéro figure dans le dossier des passagers ; ou tous les e-mails reçus ou expédiés à partir de l’adresse électronique fournie par le voyageur et enregistrée dans sa fiche informatique.» Les journaux américains confirment également ce que je soupçonnais dans mon livre : alors que les Etats-Unis s’étaient engagés à ne pas utiliser une partie des informations que leurs transmettent les compagnies aériennes, comme par exemple les préférences alimentaires des passagers (qui peuvent révéler la religion), il semble bien que ces données soient « moulinées » par l’ATS, ce qui est attentatoire à la vie privée.